Paul Éluard
Paul Éluard
(1895 - 1952)
"Ordre et désordre de l'amour"
Je citerai pour commencer les éléments
Ta voix tes yeux tes mains tes lèvres
Je suis sur terre y serais-je
Si tu n'y étais aussi
Dans ce bain qui fait face
À la mer à l'eau douce
Dans ce bain que la flamme
À construit dans nos yeux
Ce bain de larmes heureuses
Dans lequel je suis entré
Par la vertu de tes mains
Par la grâce de tes lèvres
Ce premier état humain
Comme une prairie naissante
Nos silences nos paroles
La lumière qui s'en va
La lumière qui revient
L'aube et le soir nous font rire
Au cœur de notre corps
Tout fleuri et mûrit
Sur la paille de ta vie
Ou je couche mes vieux os.
Où je finis.
(Paul Éluard)
"Ordine e disordine dell'amore"
Inizierò citando gli elementi
la tua voce i tuoi occhi le tue mani le tue labbra
Io sono al mondo ma esisterei
se anche tu non ci fossi?
In questo diluvio ch'è di fronte
a questo mare d'acqua dolce
In questo diluvio che l'ardore
ha suscitato nei nostri occhi
In questo diluivo di lacrime di gioia
in cui sono entrato
in grazia delle tue mani
per la grazia delle tue labbra
Questo primigenio stato umano
come una prateria d'erba nascente
I nostri silenzi le nostre parole
la luce che se ne va
la luce che ritorna
l'alba e la sera ci danno il sorriso
E nel cuore dei corpi nostri
tutto fiorisce e matura
sul nido della tua vita
dove riposo le ossa mie stanche.
Dove io finisco.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Guillaume Apollinaire
"La boucle retrouvée"
Guillaume Apollinaire
(1880-1918)
Il retrouve dans sa mémoire
La boucle de cheveux châtains
T'en souvient-il à n'y point croire
De nos deux étranges destins
Du boulevard de la Chapelle
Du joli Montmartre et d'Auteuil
Je me souviens murmure-t-elle
Du jour où j'ai franchi ton seuil
Il y tomba comme un automne
La boucle de mon souvenir
Et notre destin qui t'étonne
Se joint au jour qui va finir
(Guillaume Apollinaire)
Ritrova nella memoria
quella ciocca di capelli castani
Non sembra vero: ricordi
dei nostri due lontani destini?
Del boulevard de la Chapelle,
del dolce Montmartre, e di Auteuil.
Io lo ricordo, mormora lei
dal giorno che ho varcato la tua soglia.
Cadde come in autunno
la ciocca del mio ricordo
e il nostro destino che ti stupisce
si fonde al giorno che finisce.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Jacques Prévert
Jacques Prévert
(1900 - 1977)
"Chanson de l'eau"
Furtive comme un petit rat
Un petit rat d’Aubervilliers
Comme la misère qui court les rues
Les petites rues d’ Aubervilliers
L'eau courante court sur le pavé
Sur le pavé d’Aubervilliers
Elle se dépêche
Elle est pressée
On dirait qu'elle veut échapper
Echapper à Aubervilliers
Pour s'en aller dans la campagne
Dans les prés et les forêts
Et raconter à ses compagnes
Les rivières les bois et les prés
Les simples rêves des ouvriers
Des ouvriers d'Aubervilliers.
(Jacques Prévert)
"Canzone dell'acqua"
Furtiva come un ratto
Un ratto piccolino d’Aubervilliers
Come la miseria che scorre nelle vie
Le anguste vie d’Aubervilliers
L'acqua corre, scorre sul selciato
Sul selciato d’Aubervilliers
Ella s'affretta
Rapida s'affretta
Si direbbe che voglia sfuggire
Fuggire da Aubervilliers
Per andarsene nelle capagne
per i prati per le foreste
E narrare ai suoi compagni
I fiumi i boschi e i prati
I sogni semplici degli operai
Gli operai d’Aubervilliers
(Versione italiana di Marianna Piani)
Charles Baudelaire
da "Les fleurs du mal"
di Charles Baudelaire
(1821-1867)
À la très chère, à la très belle
Qui remplit mon coeur de clarté,
À l'ange, À l'idole immortelle,
Salut en l'immortalité!
Elle se répand dans ma vie
Comme un air imprégné de sel,
Et dans mon âme inassouvie
Verse le goût de l'éternel.
Sachet toujours frais qui parfume
L'atmosphère d'un cher réduit,
Encensoir oublié qui fume
En secret à travers la nuit,
Comment, amour incorruptible,
T'exprimer avec vérité?
Grain de musc qui gis, invisible,
Au fond de mon éternité!
À la très bonne, à la très belle
Qui fait ma joie et ma santé,
À l'ange, à l'idole immortelle,
Salut en l'immortalité!
(Charles Baudelaire)
Alla più cara, alla più bella
che m'empie il cuore di chiara luce,
all'angelo, alla dea immortale,
nell'immortalità il mio saluto!
Ella impregna la mia vita
come un soffio di salsedine marina,
e nell'anima mia irrisolta
versa il sentore dell'eterno.
Cuscino che profuma ogni giorno
l'atmosfera d'un rifugio caro,
braciere dimenticato che arde fumo
segretamente per la notte intera.
Come fare, amore puro,
a esprimerti in piena verità?
Seme di muschio che giace, invisibile,
riposto nel fondo della mia eternità!
Alla più dolce, alla più bella
che è la mia gioia e la mia vita,
al mio angelo, alla dea immortale,
il mio saluto, nell'immortalità!
(Versione italiana di Marianna Piani)
Guillaume Apollinaire
"Le Pont Mirabeau"
Guillaume Apollinaire
(1880-1918)
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
(Guillaume Apollinaire)
Sotto Ponte Mirabeau pigra va la Senna
come scorre il nostro amore
potessi io mai scordarlo
la gioia viene sempre dopo il dolore.
Venga notte, l'ora rintocchi
i giorni s'involino, io qui dimoro.
Mano nella mano, viso a viso, rimaniamo
finché passi
sotto il ponte delle nostre braccia
l'onda quieta dei nostri eterni sguardi
Venga notte, l'ora rintocchi
i giorni s'involino, io qui dimoro.
L'amore va, come quell'acqua scorre
l'amore va
per quanto lenta è la vita
e per quanto aspra è la speranza
Venga notte, l'ora rintocchi
i giorni fuggano, io da qui non mi muovo.
Passano i giorni e le settimane,
ma né il passato
né l'amore nostro più ritorna
sotto Ponte Mirabeau pigra va la Senna
Venga notte, l'ora rintocchi
i giorni vadano, io non ancora.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Éluard
"Je ne suis pas seul"
Paul Éluard
(1895 - 1952)
Chargée
De fruits légers aux lèvres
Parée
De mille fleurs variées
Glorieuse
Dans les bras du soleil
Heureuse
D'un oiseau familier
Ravie
D'une goutte de pluie
Plus belle
Que le ciel du matin
Fidèle
Je parle d'un jardin
Je rêve
Mais j'aime justement
(Médieuses)
(Paul Éluard)
Carica
di frutti, lievi al bacio
Ornata
di fiori di mille colori
Gloriosa
tra le braccia del sole
Gioiosa
del canto d'un usignolo
Golosa
a una stilla di pioggia
Più bella
del cielo al mattino
Fedele
D'un giardino io parlo
E sogno
Ma io, appunto, amo.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Donc, ce sera par un clair jour d'été:
Le grand soleil, complice de ma joie,
Fera, parmi le satin et la soie,
Plus belle encor votre chère beauté;
Le ciel tout bleu, comme une haute tente,
Frissonnera somptueux à longs plis
Sur nos deux fronts heureux qu'auront pâlis
L'émotion du bonheur et l'attente;
Et quand le soir viendra, l'air sera doux
Qui se jouera, caressant, dans vos voiles,
Et les regards paisibles des étoiles
Bienveillamment souriront aux époux.
(Paul Verlaine)
Dunque, sarà in un bel giorno d'estate:
Complice della mia gioia, il pieno sole,
tra i rasi e le sete, farà
più bella ancora la tua cara beltà.
Il cielo blu terso, come un'altissima tenda,
sontuosamente s'incresperà in lunghe pieghe
sulle nostre due fronti pallide di gioia
per l'ansia della felicità e dell'attesa;
E quando verrà la sera, l'aria addolcirà
nel giocare, accarezzandoti, tra i tuoi veli.
E gli sguardi sereni delle stelle
sorrideranno a chi s'ama, benevolmente.
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Je ne cesse pour ainsi dire pas de parler de toi
et pourtant j'en toujours vite fini avec l'essentiel"
Quand l'aube a montré ses griffes
Et qu'au premier versant boisé
Qui ne reflète que frissons
S'ouvre l'abîme des hauteurs
Quand ta robe s'ouvre à pic
Donnant le jour à ton corps tendre
Offrant tes seins lustrés soumis
Tes seins qui n'ont jamais lutté
Renoncules tigrées de plomb
Eclipses fatales aux forts
Degrés d'hermine sacrifiée
Ou quand ton visage se trouble
Ce que j'aime dans ton visage c'est l'arrivée
D'une lampe ardente en plein jour.
(Paul Éluard)
"Non finirei mai di dire di te
eppure in un attimo l'essenziale è tutto detto"
Quando l'alba ha già aperto le sue grinfie
e al primo pendio boscoso
che non riflette che fremiti
si apre l'abisso delle vette
Quando lla tua veste si spalanca a precipizio
e dà alla luce il tuo tenero corpo
offrendo i tuoi candidi docili seni
seni che non sanno di lotta
ranuncoli marezzati di piombo
eclissi fatali per chi è più forte
gradazioni sacrificali d'ermellino...
Oppure quando il tuo viso s'imbroncia
Ciò che amo del tuo volto è l'improvviso apparire
d'un lume ardente, nello splendore del giorno.
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Ciel brouillé"
On dirait ton regard d'une vapeur couvert;
Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert?)
Alternativement tendre, rêveur, cruel,
Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel.
Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,
Qui font se fondre en pleurs les coeurs ensorcelés,
Quand, agités d'un mal inconnu qui les tord,
Les nerfs trop éveillés raillent l'esprit qui dort.
Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
Qu'allument les soleils des brumeuses saisons...
Comme tu resplendis, paysage mouillé
Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé!
Ô femme dangereuse, ô séduisants climats!
Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas,
Et saurai-je tirer de l'implacable hiver
Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer?
(Charles Baudelaire)
Si direbbe che il tuo sguardo sia velato dalla nebbia;
i tuoi occhi misteriosi (ma sono azzurri, grigi o verdi?)
di volta in volta teneri, sognanti, crudi,
riflettono l'indolenza e il diafano pallor del cielo.
Ricorderai quei giorni bianchi, tiepidi e velati,
che fan scoppiare in pianto i cuori ormai stregati,
quando, agitati da un male sconosciuto che li torce
i sensi troppo desti irridono lo spirito che dorme.
A volte tu somigli a quegli orizzonti chiari
che incendiano di sole le stagioni più brumose…
Come splendi, madido paesaggio nel chiarore
dei raggi che dardeggiano da un cielo nuvoloso!
Femmina rischiosa, seduttrice d'atmosfere!
Adorerò finanche la tua neve e i tuoi geli,
e saprò io trarre dallo spietato inverno
piaceri acuti più del ghiaccio e del metallo?
(Versione italiana di Marianna Piani)
Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C'est le tien
C'est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelles
Et qui n'a pas changé
Aussi vraie qu'une plante
Aussi tremblante qu'un oiseau
Aussi chaude aussi vivante que l'été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi j'écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t'avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n'avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n'importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d'un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.
(Jacques Prévert)
Questo amore
Così violento
Così fragile
Così tenero
Così disperato
Questo amore
bello come il giorno
e malvagio come il tempo
quand'è malvagio
Quest'amore così vero
Quest'amore così bello
così felice
così gioioso
E così irrisorio
Tremante di paura come un bimbo nel nero buio
e di sé così sicuro
quanto un uomo quieto nel cuore della notte
Quest'amore che sgomentava il mondo
che lo faceva di lui dire
che lo faceva impallidire
Questo amore così cercato
poiché noi lo cercavamo
braccato ferito calpestato finito negato dimenticato
poiché noi l'abbiamo braccato ferito calpestato finito negato dimenticato
Quest'amore tutto intero
così ancor vivo
e inondato tutto di sole
è il tuo
è il mio
Quel che è stato
questa cosa sempre nuova
che non è mai mutata
tanto vera quanto una pianta
trepidante quanto un pulcino
calda e viva quanto l'estate
Possiamo entrambi
venire, e andar via
possiamo dimenticare
e poi addormentarci
Risvegliarci e soffrire e invecchiare
e ancora riaddormentarci
e sognare la nostra morte
e svegliarci e sorridere e ridere
e ringiovanire
Il nostro amore lì rimane
testardo come un mulo
vivo come il desiderio
crudele come la memoria
freddo come il marmo
bello come il giorno
fragile come un bimbo
Ci osserva sorridendo
e ci parla senza nulle dire
e io l'ascolto tremando
e grido
e piango per te
e grido per me
ti scongiuro
per te per me e per tutti coloro che s'amano
e che si sono amati
sì grido loro
per te per me e per tutti quanti
quelli che non conosco
Rimani lì
lì dove sei
là dov'eri un tempo
non ti muovere
non te ne andare
Noi che siamo amanti
ti abbiamo dimenticato
ma tu non dimenticare noi
non abbiamo che te in questo mondo
Non lasciarci a divenir freddi
e sempre più lontani
e non importa dove
dacci un segno di esistenza
Assai più tardi, all'angolo d'un bosco
nella foresta della memoria
sorgi inatteso all'improvviso
tendici una mano
e salvaci.
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Avant que tu ne t'en ailles"
Avant que tu ne t'en ailles,
Pâle étoile du matin,
-Mille cailles
Chantent, chantent dans le thym.
Tourne devers le poète,
Dont les yeux sont pleins d'amour;
-L'alouette
Monte au ciel avec le jour.
Tourne ton regard que noie
L'aurore dans son azur;
Quelle joie
Parmi les champs de blé mûr!
Puis fais luire ma pensée
Là-bas, - bien loin, oh, bien loin!
-La rosée
Gaîment brille sur le foin.
Dans le doux rêve où s'agite
Ma mie endormie encor...
-Vite, vite,
Car voici le soleil d'or.
(Paul Verlaine)
Prima che tu scompaia
pallida stella del mattino
-mille e mille quaglie
cantano in mezzo al timo-
Rivolgiti al poeta,
che ha occhi pieni d'amore;
- L'allodola
risale il cielo assieme al giorno -
Volgi il tuo sguardo che divora
in tutto il suo azzurro l'aurora;
- che gioia
tra i campi di maturo grano!-
Poi, fai risplendere il mio pensiero
laggiù - lontano, assai lontano!
- La rugiada
scintilla lieta sopra il fieno. -
Nel dolce sonno in cui s'agita
l'amata mia ancor sopita…
- Presto, presto,
ch'è già qui il sole d'oro.-
(Versione italiana di Marianna Piani)
"La Musique"
La musique souvent me prend comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir!
(Charles Baudelaire)
La musica mi travolge sempre come un mare!
Verso la mia flebile stella,
sotto un nebbioso cielo, o in un immenso spazio,
io dirigo le mie vele;
con il seno teso e i polmoni gonfi
come fossero una vela
risalgo una dopo l'altra le curve delle onde
che la notte mi rivela;
Sento in me vibrare tutta la passione
d'un vascello in mezzo alla tempesta;
il vento in poppa, il turbine e le sue convulsioni
sopra l'immenso abisso mi cullano
dolcemente. In altri momenti, calma piatta,
il vasto specchio della mia disperazione!
(Versione italiana di Marianna Piani)
Les chères mains qui furent miennes,
Toutes petites, toutes belles,
Après ces méprises mortelles
Et toutes ces choses païennes,
Après les rades et les grèves,
Et les pays et les provinces,
Royales mieux qu'au temps des princes,
Les chères mains m'ouvrent les rêves.
Mains en songe, mains sur mon âme,
Sais-je, moi, ce que vous daignâtes,
Parmi ces rumeurs scélérates,
Dire à cette âme qui se pâme ?
Ment-elle, ma vision chaste
D'affinité spirituelle,
De complicité maternelle,
D'affection étroite et vaste ?
Remords si cher, peine très bonne,
Rêves bénis, mains consacrées,
Ô ces mains, ces mains vénérées,
Faites le geste qui pardonne!
(Paul Verlaine)
Le mani care che furono mie,
così piccine, così belle,
dopo tutti quei mortali malintesi
e tutti quei pagani inganni,
Dopo le secche e i porti
e i paesi e le provincie,
regali mani più che al tempo dei sovrani,
care mani che m'aprono ai sogni.
Mani in sogno, mani sull'anima mia,
so io forse cosa voleste narrare
tra mille voci scellerate
a quest'anima che si confonde?
Mente la mia visione, casta
di spirituali affinità,
di materna complicità,
d'intima e infinita affezione?
Cari, cari rimorsi, dolcissimo penare,
Sogni beati, consacrate mani,
Queste mani, venerate mani,
fate il gesto del perdono!
(Versione di Marianna Piani)
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
(Paul Éluard)
Aura del tempo, culla notturna e fida,
E se non ho coscienza ormai di tutto ciò che ho vissuto
È perché non sempre i tuoi occhi m'hanno veduto.
Foglie del giorno, spuma di rugiada,
canne nel vento, sorrisi profumati,
ali che coprono di luce il mondo,
vascelli carichi di cielo e di mare,
cacciatori di suoni e sorgenti di colore,
Profumi dischiusi da covate d'aurore
Quotidianamente deposte sopra il nido degli astri,
Come dall'innocenza dipende il mattino
Così il mondo intero dipende dagli occhi tuoi puri
E nei loro sguardi tutto il mio sangue fluisce.
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Floraison successive"
La chaude écriture du lierre
Séparant le cours des chemins
Observait une marge claire
Où l'ivraie jetait ses dessins.
Nous précédions, bonne poussière,
D'un pied neuf ou d'un pas chagrin.
L'heure venue pour la fleur de s'épandre,
La juste ligne s'est brisée.
L'ombre, d'un mur, ne sut descendre;
Ne donnant pas, la main dut prendre;
Dépouillée, la terre plia.
La mort où s'engouffre le Temps
Et la vie forte des murailles,
Seul le rossignol les entend
Sur les lignes d'un chant qui dure
Toute la nuit si je prends garde.
(René Char)
di frutti, lievi al bacio
Ornata
di fiori di mille colori
Gloriosa
tra le braccia del sole
Gioiosa
del canto d'un usignolo
Golosa
a una stilla di pioggia
Più bella
del cielo al mattino
Fedele
D'un giardino io parlo
E sogno
Ma io, appunto, amo.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Verlaine
Paul Verlaine
(1844-1896)
Donc, ce sera par un clair jour d'été:
Le grand soleil, complice de ma joie,
Fera, parmi le satin et la soie,
Plus belle encor votre chère beauté;
Le ciel tout bleu, comme une haute tente,
Frissonnera somptueux à longs plis
Sur nos deux fronts heureux qu'auront pâlis
L'émotion du bonheur et l'attente;
Et quand le soir viendra, l'air sera doux
Qui se jouera, caressant, dans vos voiles,
Et les regards paisibles des étoiles
Bienveillamment souriront aux époux.
(Paul Verlaine)
Dunque, sarà in un bel giorno d'estate:
Complice della mia gioia, il pieno sole,
tra i rasi e le sete, farà
più bella ancora la tua cara beltà.
Il cielo blu terso, come un'altissima tenda,
sontuosamente s'incresperà in lunghe pieghe
sulle nostre due fronti pallide di gioia
per l'ansia della felicità e dell'attesa;
E quando verrà la sera, l'aria addolcirà
nel giocare, accarezzandoti, tra i tuoi veli.
E gli sguardi sereni delle stelle
sorrideranno a chi s'ama, benevolmente.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Éluard
Paul Éluard
(1895 - 1952)
"Je ne cesse pour ainsi dire pas de parler de toi
et pourtant j'en toujours vite fini avec l'essentiel"
Quand l'aube a montré ses griffes
Et qu'au premier versant boisé
Qui ne reflète que frissons
S'ouvre l'abîme des hauteurs
Quand ta robe s'ouvre à pic
Donnant le jour à ton corps tendre
Offrant tes seins lustrés soumis
Tes seins qui n'ont jamais lutté
Renoncules tigrées de plomb
Eclipses fatales aux forts
Degrés d'hermine sacrifiée
Ou quand ton visage se trouble
Ce que j'aime dans ton visage c'est l'arrivée
D'une lampe ardente en plein jour.
(Paul Éluard)
"Non finirei mai di dire di te
eppure in un attimo l'essenziale è tutto detto"
Quando l'alba ha già aperto le sue grinfie
e al primo pendio boscoso
che non riflette che fremiti
si apre l'abisso delle vette
Quando lla tua veste si spalanca a precipizio
e dà alla luce il tuo tenero corpo
offrendo i tuoi candidi docili seni
seni che non sanno di lotta
ranuncoli marezzati di piombo
eclissi fatali per chi è più forte
gradazioni sacrificali d'ermellino...
Oppure quando il tuo viso s'imbroncia
Ciò che amo del tuo volto è l'improvviso apparire
d'un lume ardente, nello splendore del giorno.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Charles Baudelaire
da "Les fleurs du mal"
di Charles Baudelaire
(1821-1867)
"Ciel brouillé"
On dirait ton regard d'une vapeur couvert;
Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert?)
Alternativement tendre, rêveur, cruel,
Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel.
Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,
Qui font se fondre en pleurs les coeurs ensorcelés,
Quand, agités d'un mal inconnu qui les tord,
Les nerfs trop éveillés raillent l'esprit qui dort.
Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
Qu'allument les soleils des brumeuses saisons...
Comme tu resplendis, paysage mouillé
Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé!
Ô femme dangereuse, ô séduisants climats!
Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas,
Et saurai-je tirer de l'implacable hiver
Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer?
(Charles Baudelaire)
Si direbbe che il tuo sguardo sia velato dalla nebbia;
i tuoi occhi misteriosi (ma sono azzurri, grigi o verdi?)
di volta in volta teneri, sognanti, crudi,
riflettono l'indolenza e il diafano pallor del cielo.
Ricorderai quei giorni bianchi, tiepidi e velati,
che fan scoppiare in pianto i cuori ormai stregati,
quando, agitati da un male sconosciuto che li torce
i sensi troppo desti irridono lo spirito che dorme.
A volte tu somigli a quegli orizzonti chiari
che incendiano di sole le stagioni più brumose…
Come splendi, madido paesaggio nel chiarore
dei raggi che dardeggiano da un cielo nuvoloso!
Femmina rischiosa, seduttrice d'atmosfere!
Adorerò finanche la tua neve e i tuoi geli,
e saprò io trarre dallo spietato inverno
piaceri acuti più del ghiaccio e del metallo?
(Versione italiana di Marianna Piani)
Jacques Prévert
Jacques Prévert
(1900 - 1977)
Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C'est le tien
C'est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelles
Et qui n'a pas changé
Aussi vraie qu'une plante
Aussi tremblante qu'un oiseau
Aussi chaude aussi vivante que l'été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi j'écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t'avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n'avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n'importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d'un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.
(Jacques Prévert)
Questo amore
Così violento
Così fragile
Così tenero
Così disperato
Questo amore
bello come il giorno
e malvagio come il tempo
quand'è malvagio
Quest'amore così vero
Quest'amore così bello
così felice
così gioioso
E così irrisorio
Tremante di paura come un bimbo nel nero buio
e di sé così sicuro
quanto un uomo quieto nel cuore della notte
Quest'amore che sgomentava il mondo
che lo faceva di lui dire
che lo faceva impallidire
Questo amore così cercato
poiché noi lo cercavamo
braccato ferito calpestato finito negato dimenticato
poiché noi l'abbiamo braccato ferito calpestato finito negato dimenticato
Quest'amore tutto intero
così ancor vivo
e inondato tutto di sole
è il tuo
è il mio
Quel che è stato
questa cosa sempre nuova
che non è mai mutata
tanto vera quanto una pianta
trepidante quanto un pulcino
calda e viva quanto l'estate
Possiamo entrambi
venire, e andar via
possiamo dimenticare
e poi addormentarci
Risvegliarci e soffrire e invecchiare
e ancora riaddormentarci
e sognare la nostra morte
e svegliarci e sorridere e ridere
e ringiovanire
Il nostro amore lì rimane
testardo come un mulo
vivo come il desiderio
crudele come la memoria
freddo come il marmo
bello come il giorno
fragile come un bimbo
Ci osserva sorridendo
e ci parla senza nulle dire
e io l'ascolto tremando
e grido
e piango per te
e grido per me
ti scongiuro
per te per me e per tutti coloro che s'amano
e che si sono amati
sì grido loro
per te per me e per tutti quanti
quelli che non conosco
Rimani lì
lì dove sei
là dov'eri un tempo
non ti muovere
non te ne andare
Noi che siamo amanti
ti abbiamo dimenticato
ma tu non dimenticare noi
non abbiamo che te in questo mondo
Non lasciarci a divenir freddi
e sempre più lontani
e non importa dove
dacci un segno di esistenza
Assai più tardi, all'angolo d'un bosco
nella foresta della memoria
sorgi inatteso all'improvviso
tendici una mano
e salvaci.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Verlaine
Paul Verlaine
(1844-1896)
"Avant que tu ne t'en ailles"
Avant que tu ne t'en ailles,
Pâle étoile du matin,
-Mille cailles
Chantent, chantent dans le thym.
Tourne devers le poète,
Dont les yeux sont pleins d'amour;
-L'alouette
Monte au ciel avec le jour.
Tourne ton regard que noie
L'aurore dans son azur;
Quelle joie
Parmi les champs de blé mûr!
Puis fais luire ma pensée
Là-bas, - bien loin, oh, bien loin!
-La rosée
Gaîment brille sur le foin.
Dans le doux rêve où s'agite
Ma mie endormie encor...
-Vite, vite,
Car voici le soleil d'or.
(Paul Verlaine)
Prima che tu scompaia
pallida stella del mattino
-mille e mille quaglie
cantano in mezzo al timo-
Rivolgiti al poeta,
che ha occhi pieni d'amore;
- L'allodola
risale il cielo assieme al giorno -
Volgi il tuo sguardo che divora
in tutto il suo azzurro l'aurora;
- che gioia
tra i campi di maturo grano!-
Poi, fai risplendere il mio pensiero
laggiù - lontano, assai lontano!
- La rugiada
scintilla lieta sopra il fieno. -
Nel dolce sonno in cui s'agita
l'amata mia ancor sopita…
- Presto, presto,
ch'è già qui il sole d'oro.-
(Versione italiana di Marianna Piani)
Charles Baudelaire
da "Les fleurs du mal"
di Charles Baudelaire
(1821-1867)
"La Musique"
La musique souvent me prend comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir!
(Charles Baudelaire)
La musica mi travolge sempre come un mare!
Verso la mia flebile stella,
sotto un nebbioso cielo, o in un immenso spazio,
io dirigo le mie vele;
con il seno teso e i polmoni gonfi
come fossero una vela
risalgo una dopo l'altra le curve delle onde
che la notte mi rivela;
Sento in me vibrare tutta la passione
d'un vascello in mezzo alla tempesta;
il vento in poppa, il turbine e le sue convulsioni
sopra l'immenso abisso mi cullano
dolcemente. In altri momenti, calma piatta,
il vasto specchio della mia disperazione!
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Verlaine
"Les chères mains qui furent miennes"
Paul Verlaine
(1844-1896)
Les chères mains qui furent miennes,
Toutes petites, toutes belles,
Après ces méprises mortelles
Et toutes ces choses païennes,
Après les rades et les grèves,
Et les pays et les provinces,
Royales mieux qu'au temps des princes,
Les chères mains m'ouvrent les rêves.
Mains en songe, mains sur mon âme,
Sais-je, moi, ce que vous daignâtes,
Parmi ces rumeurs scélérates,
Dire à cette âme qui se pâme ?
Ment-elle, ma vision chaste
D'affinité spirituelle,
De complicité maternelle,
D'affection étroite et vaste ?
Remords si cher, peine très bonne,
Rêves bénis, mains consacrées,
Ô ces mains, ces mains vénérées,
Faites le geste qui pardonne!
(Paul Verlaine)
Le mani care che furono mie,
così piccine, così belle,
dopo tutti quei mortali malintesi
e tutti quei pagani inganni,
Dopo le secche e i porti
e i paesi e le provincie,
regali mani più che al tempo dei sovrani,
care mani che m'aprono ai sogni.
Mani in sogno, mani sull'anima mia,
so io forse cosa voleste narrare
tra mille voci scellerate
a quest'anima che si confonde?
Mente la mia visione, casta
di spirituali affinità,
di materna complicità,
d'intima e infinita affezione?
Cari, cari rimorsi, dolcissimo penare,
Sogni beati, consacrate mani,
Queste mani, venerate mani,
fate il gesto del perdono!
(Versione di Marianna Piani)
Paul Éluard
Paul Éluard
(1895 - 1952)
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
(Paul Éluard)
L'arco dei tuoi occhi circonda il mio cuore
Un giro di danza e di dolcezza,Aura del tempo, culla notturna e fida,
E se non ho coscienza ormai di tutto ciò che ho vissuto
È perché non sempre i tuoi occhi m'hanno veduto.
Foglie del giorno, spuma di rugiada,
canne nel vento, sorrisi profumati,
ali che coprono di luce il mondo,
vascelli carichi di cielo e di mare,
cacciatori di suoni e sorgenti di colore,
Profumi dischiusi da covate d'aurore
Quotidianamente deposte sopra il nido degli astri,
Come dall'innocenza dipende il mattino
Così il mondo intero dipende dagli occhi tuoi puri
E nei loro sguardi tutto il mio sangue fluisce.
(Versione italiana di Marianna Piani)
René Char
René Char
(1907 - 1988)
"Floraison successive"
La chaude écriture du lierre
Séparant le cours des chemins
Observait une marge claire
Où l'ivraie jetait ses dessins.
Nous précédions, bonne poussière,
D'un pied neuf ou d'un pas chagrin.
L'heure venue pour la fleur de s'épandre,
La juste ligne s'est brisée.
L'ombre, d'un mur, ne sut descendre;
Ne donnant pas, la main dut prendre;
Dépouillée, la terre plia.
La mort où s'engouffre le Temps
Et la vie forte des murailles,
Seul le rossignol les entend
Sur les lignes d'un chant qui dure
Toute la nuit si je prends garde.
(René Char)
"Fioriture successive"
La calda scrittura dell'edera
che definiva l'andamento dei sentieri
manteneva un margine vuoto
là dove la gramigna gettava i suoi disegni.
Noi - amichevole polvere - precedevamo,
con passo deciso, oppure rattristato.
L'ora era giunta d'aprirsi al fiore,
la giusta traccia s'era frantumata.
L'ombra da un muro non seppe calare;
la mano, non donando, non ebbe che prendere;
e ormai spogliata, la terra cedette.
La morte laddove il Tempo sprofonda
e la vita più forte d'ogni muraglia:
l'usignolo soltanto le comprende,
sulla linea d'un canto che dura
la notte intera, se vi si fa caso.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
Ame sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.
Là pas d'espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
(Arthur Rimbaud)
Ecco, l'ho ritrovata.
Chi? - L'Eternità.
È il mare che va
assieme al sole.
Anima mia vigile attenta,
mormoriamo la confessione
della notte così nulla
e del giorno in fiamme.
Degli umani suffragi,
degli slanci di ognuno,
là dove ti liberi
e in solitudine voli.
Poiché da voi soltanto,
o braci fatte di raso,
esala il Dovere
senza che si dica: alfine!
Laggiù non v'è alcuna speranza,
né alcuna preghiera.
Sapienza e pazienza,
la pena è sicura.
Ecco, l'abbiamo ritrovata.
Ma chi? - L'Eternità.
È il mare che se ne va
con il sole.
(Versione italiana di Marianna Piani)
(Paul Verlaine)
(Versione italiana di Marianna Piani)
(Paul Verlaine)
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Elle va s'éveiller"
Elle va s'éveiller d'un rêve noir et bleu
Elle va se lever de la nuit grise et mauve
Sa jambe est lisse et son pied nu
L'audace fait son premier pas
Au son d'un chant prémédité
Tout son corps passe en reflets en éclats
Son corps pavé de pluie armé de parfums tendres
Démêle le fuseau matinal de sa vie
(Paul Éluard)
"Lei si desterà"
Lei si desterà presto da un sogno azzurro e nero
ella si libererà dalla notte grigia e viola
le sue gambe sono di seta e il piede nudo
l'audacia è già al suo primo passo
Al suono d'un canto premeditato
l'intero suo corpo si svolge in riflessi e scintille
il suo corpo lastricato di pioggia protetto
da tenere fragranze
disvela il tempo mattutino della sua vita
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Soeurs d'espérance"
Soeurs d'espérance ô femmes courageuses
Contre la mort vous avez fait un pacte
Celui d'unir les vertus de l'amour
O mes soeurs survivantes
Vous jouez votre vie
Pour que la vie triomphe
Le jour est proche ô mes soeurs de grandeur
Où nous rirons des mots guerre et misère
Rien ne tiendra de ce qui fut douleur
Chaque visage aura droit aux caresses.
(Paul Éluard)
"Sorelle di Speranza"
Sorelle, sorelle di speranza, femmine audaci
che contro la morte avete stretto un patto
quello d'unire tutte le virtù dell'amore
Sorelle mie viventi
che la vita vostra vi giocate
perché la vita trionfi
Vicino è il giorno, sorelle mie di grandezza,
che delle parole guerra e miseria rideremo
che nulla rimarrà di ciò che fu dolore
Ogni viso allora avrà diritto a carezze.
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Le Beau Navire"
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse!
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse;
Je veux te peindre ta beauté,
Où l'enfance s'allie à la maturité.
Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large,
Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large,
Chargé de toile, et va roulant
Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent.
Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,
Ta tête se pavane avec d'étranges grâces;
D'un air placide et triomphant
Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse!
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse;
Je veux te peindre ta beauté,
Où l'enfance s'allie à la maturité.
Ta gorge qui s'avance et qui pousse la moire,
Ta gorge triomphante est une belle armoire
Dont les panneaux bombés et clairs
Comme les boucliers accrochent des éclairs;
Boucliers provoquants, armés de pointes roses!
Armoire à doux secrets, pleine de bonnes choses,
De vins, de parfums, de liqueurs
Qui feraient délirer les cerveaux et les coeurs!
Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large
Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large,
Chargé de toile, et va roulant
Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent.
Tes nobles jambes, sous les volants qu'elles chassent,
Tourmentent les désirs obscurs et les agacent,
Comme deux sorcières qui font
Tourner un philtre noir dans un vase profond.
Tes bras, qui se joueraient des précoces hercules,
Sont des boas luisants les solides émules,
Faits pour serrer obstinément,
Comme pour l'imprimer dans ton coeur, ton amant.
Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,
Ta tête se pavane avec d'étranges grâces;
D'un air placide et triomphant
Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.
(Charles Baudelaire)
"Il bel Vascello"
Vorrei narrar di te, dolcissima incantatrice!
Le tante beltà che adornano la tua giovinezza;
vorrei a te dipingere la tua bellezza
dove l'infanzia s'allea con la matura grazia.
Quando con l'ampia gonna vai fendendo l'aria
sei come un bel vascello che prende il largo,
carico di vele, e se ne va ondeggiando
dietro un rimo dolce, e pigro, e lento.
Sul tuo collo largo, e rotondo, e sulle morbide tue spalle
il tuo capo si pavoneggia di misteriose grazie;
e con un'aria placida e trionfante
te ne vai per la tua strada, bimba mia maestosa.
Vorrei narrar di te, dolcissima incantatrice!
Le tante beltà che adornano la tua giovinezza;
vorrei a te dipingere la tua bellezza
dove l'infanzia s'allea con la matura grazia.
Il tuo seno che avanza e preme il raso,
il tuo trionfante seno è come uno scrigno di bellezza
i cui pannelli lucidi e bombati
splendono come scudi che catturano saette;
Provocanti scudi, armati di rosee punte!
Scrigno dai dolci segreti, pieno di bontà,
di vini, di profumi, di liquori
che possono render folli i cervelli e i cuori.
Quando con l'ampia gonna vai fendendo l'aria
sei come un bel vascello che prende il largo,
carico di vele, e se ne va ondeggiando
dietro un rimo dolce, e pigro, e lento.
Le tue gambe nobili, che s'aprono la strada tra le falde
delle vesti, aizzano i più oscuri desideri, li sconvolgono,
come due streghe che in un profondo vaso
fan girare e rimescolano un qualche nero sortilegio.
Le tue braccia, che si prendon gioco degli ercoli precoci,
dei lucenti boa sono emuli vigorosi,
pronti a stringere e serrare ostinatamente -
come per stampartelo sul cuore - il tuo amante.
Sul tuo collo largo, e rotondo, e sulle tue morbide tue spalle
il tuo capo si pavoneggia di misteriose grazie;
e con un'aria placida e trionfante
te ne vai per la tua strada, bimba mia maestosa.
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Hymne"
Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables!
(Charles Baudelaire)
Uomo libero, sempre ti sarà caro il mare!
Il mare è il tuo specchio; tu osservi la tua anima
nell'infinito flusso delle sue onde,
e la tua mente non è un abisso meno amaro.
Godi a immergerti nella tua stessa ombra;
tu abbracci gli sguardi, le membra, e il tuo cuore
a volte è distolto dal proprio stesso pulsare
dal suono di questa sfida indomabile e selvaggia.
Siete entrambi insondabili e tenebrosi: tu, Uomo,
cui nessuno ha mai sondato il fondo del suo essere;
Tu, mare, di cui nessuno conosce le ricchezze più profonde,
poiché tu sei inesorabile nel proteggere i tuoi segreti.
Ed ecco, invece, da innumerevoli secoli
vi combattete, senza pietà né rimorsi,
per quanto voi amate strage e morte,
o nemici eterni, implacabili fratelli!
(Versione italiana di Marianna Piani)
Son image, comme un songe,
Partout s’attache à mon sort;
Dans l’eau pure où je me plonge
Elle me poursuit encor:
Je me livre en vain, tremblante,
À sa mobile fraîcheur,
L’image toujours brûlante
Se sauve au fond de mon cœur.
Pour respirer de ses charmes
Si je regarde les cieux,
Entre le ciel et mes larmes,
Elle voltige à mes yeux,
Plus tendre que le perfide,
Dont le volage désir
Fuit comme le flot limpide,
Que ma main n’a pu saisir.
(Marceline Desbordes-Valmore)
La sua immagine, come un sogno,
ovunque s'unisce alla mia sorte;
nell'acqua pura in cui m'immergo
essa mi segue ancora:
invano, tremando, m'abbandono
alla sua mobile frescura,
l'immagine ancor bruciante
resta intatta dentro il mio cuore.
Se, per fuggire al suo incantesimo
io volgo lo sguardo al cielo,
proprio tra il cielo e le mie lacrime
essa mi volteggia intorno,
più tenera del perfido
il cui volubile desio
sfugge come l'onda chiara
che la mia mano non seppe trattenere.
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Va, chanson, à tire-d'aile"
Va, chanson, à tire-d'aile
Au-devant d'elle, et dis lui
Bien que dans mon cour fidèle
Un rayon joyeux a lui,
Dissipant, lumière sainte,
Les ténèbres de l'amour
Méfiance, doute, crainte,
Et que voici le grand jour!
Longtemps craintive et muette,
Entendez-vous ? la gaîté,
Comme une vive alouette
Dans le ciel clair a chanté.
Va donc, chanson ingénue,
Et que, sans nul regret vain,
Elle soit la bienvenue
Celle qui revient enfin.
(Paul Verlaine)
Va, canzone, ad ali spiegate
di fronte a lei, e dille
che nel mio cuor fedele
è scaturito un raggio di gioia
a dissipare, oh luce benedetta,
le tenebre dall'amore:
Timore, dubbio, incertezza,
via, il gran giorno è giunto!
Da tempo impaurita e muta,
la senti ora? La gaiezza
come un'allodola al mattino
ha cantato nel cielo chiaro.
Vai dunque, ingenua canzonetta,
e senza vani rimpianti
sia benvenuta ancora
colei che alfine ritorna.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Un navire dans tes yeux
Se rendait maître du vent
Tes yeux étaient le pays
Que l'un retrouve en un instant
Patients tes yeux nous attandaient
Sous les arbres des foréts
Dans la pluie dans la tourmente
Sur la neige des sommets
Entre les yeux et les jeux des enfants
Patients tes yeux nous attandaient
Ils étaient une vallée
Plus tendre qu'un seul brin d'herbe
Leur soleil donnait du poids
Aux maigres moissons humaines
Nous attendaient pour nous voir
Toujours
Car nous apportions l'amour
La jeunesse de l'amour
Et la raison de l'amour
La sagesse de l'amour
Et l'immortalité.
(Paul Éluard)
Un vascello nei tuoi occhi
s'impadroniva dei venti
e i tuoi occhi erano quei luoghi
che in un istante si ritrovano.
Pazienti, ci attendevano i tuoi occhi
Sotto ogni albero della foresta
nella pioggia, nella tormenta
sulla neve delle vette
negli sguardi e nei giochi dei bimbi
Pazienti, ci attendevano i tuoi occhi
Erano essi una valle
più tenera d'un unico filo d'erba
il loro sole maturava, accresceva
le misere messi umane
Ci attendevano per vederci
Sempre
Perché portavamo in noi l'amore
la giovinezza dell'amore
e la ragione dell'amore
la saggezza dell'amore
e l'immortalità.
(Versione italiana di Marianna Piani)
"L'invitation au voyage"
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
— Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
(Charles Baudelaire)
Bimba mia, sorellina
pensa la dolcezza che sarebbe
andar laggiù, a vivere insieme!
Amare all'infinito,
amare e magari poi morire
in quel paese che t'assomiglia.
I soli indecisi
di quei cieli rannuvolati
hanno per la mia anima l'incanto
così tanto misterioso
dei tuoi sguardi infidi
che risplende oltre il pianto.
Laggiù tutto è ordine e bellezza,
fasto, calma e voluttà.
Mobili lucenti
levigati dagli anni
decoreranno il nostro nido;
i più rari fiori
fonderanno i lor profumi
alla fragranza vaga d'ambra,
le sontuose volte,
i profondi specchi,
lo splendor d'Oriente,
tutto là si esprimerebbe
all'anima in segreto
nella sua dolce lingua madre.
Laggiù non v'è che ordine e bellezza,
fasto, calma e voluttà.
Vedi su quei canali
riposare quei vascelli
dall'umore pellegrino:
è perché s'avveri
il tuo minimo desiderio
ch'essi fin qui giungono
dai lontani limiti del mondo.
- I soli al tramonto
rivestono i campi,
i canali, l'intero borgo
d'oro e di giacinti in fiore;
il mondo s'assopisce
in una luce calda.
Laggiù non v'è che ordine e bellezza,
fasto, calma e voluttà.
(Versione italiana di Marianna Piani)
che definiva l'andamento dei sentieri
manteneva un margine vuoto
là dove la gramigna gettava i suoi disegni.
Noi - amichevole polvere - precedevamo,
con passo deciso, oppure rattristato.
L'ora era giunta d'aprirsi al fiore,
la giusta traccia s'era frantumata.
L'ombra da un muro non seppe calare;
la mano, non donando, non ebbe che prendere;
e ormai spogliata, la terra cedette.
La morte laddove il Tempo sprofonda
e la vita più forte d'ogni muraglia:
l'usignolo soltanto le comprende,
sulla linea d'un canto che dura
la notte intera, se vi si fa caso.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Arthur Rimbaud
"L'éternité"
Arthur Rimbaud
(1854 - 1891)
Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
Ame sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.
Là pas d'espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
(Arthur Rimbaud)
Ecco, l'ho ritrovata.
Chi? - L'Eternità.
È il mare che va
assieme al sole.
Anima mia vigile attenta,
mormoriamo la confessione
della notte così nulla
e del giorno in fiamme.
Degli umani suffragi,
degli slanci di ognuno,
là dove ti liberi
e in solitudine voli.
Poiché da voi soltanto,
o braci fatte di raso,
esala il Dovere
senza che si dica: alfine!
Laggiù non v'è alcuna speranza,
né alcuna preghiera.
Sapienza e pazienza,
la pena è sicura.
Ecco, l'abbiamo ritrovata.
Ma chi? - L'Eternità.
È il mare che se ne va
con il sole.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Verlaine
Paul Verlaine
(1844-1896)
"Spleen"
Lesroses étaient toutes rouges
Et les lierres étaient tout noirs.
Chère, pour peu que tu te bouges
Renaissent tous mes désespoirs.
Le ciel était trop bleu, trop tendre,
La mer trop verte et l'air trop doux.
Je crains toujours, - ce qu'est d'attendre -
Quelque fuite atroce de vous.
Du houx à la feuille vernie
Et du luisant buis je suis las,
Et de la campagne infinie
Et de tout, fors de vous, hélas!
Et les lierres étaient tout noirs.
Chère, pour peu que tu te bouges
Renaissent tous mes désespoirs.
Le ciel était trop bleu, trop tendre,
La mer trop verte et l'air trop doux.
Je crains toujours, - ce qu'est d'attendre -
Quelque fuite atroce de vous.
Du houx à la feuille vernie
Et du luisant buis je suis las,
Et de la campagne infinie
Et de tout, fors de vous, hélas!
(Paul Verlaine)
Le rose erano talmente rosse,
e l'edere erano così nere.
Cara, se appena tu ti muovi
rinascono tutte le mie paure.
Il cielo era troppo azzurro, troppo tenero,
il mare troppo verde e l'aria troppo chiara.
Io sempre temo - e sempre mi attendo -
una qualche tua crudele fuga da me.
Dell'agrifoglio dalle lucenti foglie,
e del lucente bosso ne ho abbastanza,
e dei prati infiniti, sono stanco,
e di ogni cosa, fuorché di te!
e l'edere erano così nere.
Cara, se appena tu ti muovi
rinascono tutte le mie paure.
Il cielo era troppo azzurro, troppo tenero,
il mare troppo verde e l'aria troppo chiara.
Io sempre temo - e sempre mi attendo -
una qualche tua crudele fuga da me.
Dell'agrifoglio dalle lucenti foglie,
e del lucente bosso ne ho abbastanza,
e dei prati infiniti, sono stanco,
e di ogni cosa, fuorché di te!
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Les Ingénus"
Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptés! - et nous aimions ce jeu de dupes.
Parfois aussi le dard d'un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches,
Et c'était des éclairs soudains de nuques blanches,
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.
Le soir tombait, un soir équivoque d'automne:
Les belles, se Pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble et s'étonne.
(Paul Verlaine)
Gli alti tacchi lottavano con le lunghe gonne,
così che a seconda del terreno e del vento,
spesso lampeggiava il candore d'una gamba, ogni volta
intercettata! - e noi adoravamo questo gioco a rimpiattino.
Perfino a volte la puntura d'un geloso insetto
pizzicava il collo delle belle sotto i rami,
ed erano improvvisi lampi delle nuche bianche,
a empire i nostri giovani occhi folli.
Calava la sera, una strana autunnale sera:
le belle, aggrappate trasognate al nostro braccio,
ci sussurravano allora parole così speciose
che l'anima da allora ne trema e si stupisce.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Éluard
Paul Éluard
(1895 - 1952)
"Elle va s'éveiller"
Elle va s'éveiller d'un rêve noir et bleu
Elle va se lever de la nuit grise et mauve
Sa jambe est lisse et son pied nu
L'audace fait son premier pas
Au son d'un chant prémédité
Tout son corps passe en reflets en éclats
Son corps pavé de pluie armé de parfums tendres
Démêle le fuseau matinal de sa vie
(Paul Éluard)
"Lei si desterà"
Lei si desterà presto da un sogno azzurro e nero
ella si libererà dalla notte grigia e viola
le sue gambe sono di seta e il piede nudo
l'audacia è già al suo primo passo
Al suono d'un canto premeditato
l'intero suo corpo si svolge in riflessi e scintille
il suo corpo lastricato di pioggia protetto
da tenere fragranze
disvela il tempo mattutino della sua vita
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Soeurs d'espérance"
Soeurs d'espérance ô femmes courageuses
Contre la mort vous avez fait un pacte
Celui d'unir les vertus de l'amour
O mes soeurs survivantes
Vous jouez votre vie
Pour que la vie triomphe
Le jour est proche ô mes soeurs de grandeur
Où nous rirons des mots guerre et misère
Rien ne tiendra de ce qui fut douleur
Chaque visage aura droit aux caresses.
(Paul Éluard)
"Sorelle di Speranza"
Sorelle, sorelle di speranza, femmine audaci
che contro la morte avete stretto un patto
quello d'unire tutte le virtù dell'amore
Sorelle mie viventi
che la vita vostra vi giocate
perché la vita trionfi
Vicino è il giorno, sorelle mie di grandezza,
che delle parole guerra e miseria rideremo
che nulla rimarrà di ciò che fu dolore
Ogni viso allora avrà diritto a carezze.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Charles Baudelaire
da "Les fleurs du mal"
di Charles Baudelaire
(1821-1867)
"Le Beau Navire"
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse!
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse;
Je veux te peindre ta beauté,
Où l'enfance s'allie à la maturité.
Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large,
Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large,
Chargé de toile, et va roulant
Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent.
Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,
Ta tête se pavane avec d'étranges grâces;
D'un air placide et triomphant
Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse!
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse;
Je veux te peindre ta beauté,
Où l'enfance s'allie à la maturité.
Ta gorge qui s'avance et qui pousse la moire,
Ta gorge triomphante est une belle armoire
Dont les panneaux bombés et clairs
Comme les boucliers accrochent des éclairs;
Boucliers provoquants, armés de pointes roses!
Armoire à doux secrets, pleine de bonnes choses,
De vins, de parfums, de liqueurs
Qui feraient délirer les cerveaux et les coeurs!
Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large
Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large,
Chargé de toile, et va roulant
Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent.
Tes nobles jambes, sous les volants qu'elles chassent,
Tourmentent les désirs obscurs et les agacent,
Comme deux sorcières qui font
Tourner un philtre noir dans un vase profond.
Tes bras, qui se joueraient des précoces hercules,
Sont des boas luisants les solides émules,
Faits pour serrer obstinément,
Comme pour l'imprimer dans ton coeur, ton amant.
Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,
Ta tête se pavane avec d'étranges grâces;
D'un air placide et triomphant
Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.
(Charles Baudelaire)
"Il bel Vascello"
Vorrei narrar di te, dolcissima incantatrice!
Le tante beltà che adornano la tua giovinezza;
vorrei a te dipingere la tua bellezza
dove l'infanzia s'allea con la matura grazia.
Quando con l'ampia gonna vai fendendo l'aria
sei come un bel vascello che prende il largo,
carico di vele, e se ne va ondeggiando
dietro un rimo dolce, e pigro, e lento.
Sul tuo collo largo, e rotondo, e sulle morbide tue spalle
il tuo capo si pavoneggia di misteriose grazie;
e con un'aria placida e trionfante
te ne vai per la tua strada, bimba mia maestosa.
Vorrei narrar di te, dolcissima incantatrice!
Le tante beltà che adornano la tua giovinezza;
vorrei a te dipingere la tua bellezza
dove l'infanzia s'allea con la matura grazia.
Il tuo seno che avanza e preme il raso,
il tuo trionfante seno è come uno scrigno di bellezza
i cui pannelli lucidi e bombati
splendono come scudi che catturano saette;
Provocanti scudi, armati di rosee punte!
Scrigno dai dolci segreti, pieno di bontà,
di vini, di profumi, di liquori
che possono render folli i cervelli e i cuori.
Quando con l'ampia gonna vai fendendo l'aria
sei come un bel vascello che prende il largo,
carico di vele, e se ne va ondeggiando
dietro un rimo dolce, e pigro, e lento.
Le tue gambe nobili, che s'aprono la strada tra le falde
delle vesti, aizzano i più oscuri desideri, li sconvolgono,
come due streghe che in un profondo vaso
fan girare e rimescolano un qualche nero sortilegio.
Le tue braccia, che si prendon gioco degli ercoli precoci,
dei lucenti boa sono emuli vigorosi,
pronti a stringere e serrare ostinatamente -
come per stampartelo sul cuore - il tuo amante.
Sul tuo collo largo, e rotondo, e sulle tue morbide tue spalle
il tuo capo si pavoneggia di misteriose grazie;
e con un'aria placida e trionfante
te ne vai per la tua strada, bimba mia maestosa.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Charles Baudelaire
da "Les fleurs du mal"
di Charles Baudelaire
(1821-1867)
"Hymne"
Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables!
(Charles Baudelaire)
Uomo libero, sempre ti sarà caro il mare!
Il mare è il tuo specchio; tu osservi la tua anima
nell'infinito flusso delle sue onde,
e la tua mente non è un abisso meno amaro.
Godi a immergerti nella tua stessa ombra;
tu abbracci gli sguardi, le membra, e il tuo cuore
a volte è distolto dal proprio stesso pulsare
dal suono di questa sfida indomabile e selvaggia.
Siete entrambi insondabili e tenebrosi: tu, Uomo,
cui nessuno ha mai sondato il fondo del suo essere;
Tu, mare, di cui nessuno conosce le ricchezze più profonde,
poiché tu sei inesorabile nel proteggere i tuoi segreti.
Ed ecco, invece, da innumerevoli secoli
vi combattete, senza pietà né rimorsi,
per quanto voi amate strage e morte,
o nemici eterni, implacabili fratelli!
(Versione italiana di Marianna Piani)
Marceline Desbordes-Valmore
Marceline Desbordes-Valmore
(1786 - 1859)
Son image, comme un songe,
Partout s’attache à mon sort;
Dans l’eau pure où je me plonge
Elle me poursuit encor:
Je me livre en vain, tremblante,
À sa mobile fraîcheur,
L’image toujours brûlante
Se sauve au fond de mon cœur.
Pour respirer de ses charmes
Si je regarde les cieux,
Entre le ciel et mes larmes,
Elle voltige à mes yeux,
Plus tendre que le perfide,
Dont le volage désir
Fuit comme le flot limpide,
Que ma main n’a pu saisir.
(Marceline Desbordes-Valmore)
La sua immagine, come un sogno,
ovunque s'unisce alla mia sorte;
nell'acqua pura in cui m'immergo
essa mi segue ancora:
invano, tremando, m'abbandono
alla sua mobile frescura,
l'immagine ancor bruciante
resta intatta dentro il mio cuore.
Se, per fuggire al suo incantesimo
io volgo lo sguardo al cielo,
proprio tra il cielo e le mie lacrime
essa mi volteggia intorno,
più tenera del perfido
il cui volubile desio
sfugge come l'onda chiara
che la mia mano non seppe trattenere.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Verlaine
Paul Verlaine
(1844-1896)
"Va, chanson, à tire-d'aile"
Va, chanson, à tire-d'aile
Au-devant d'elle, et dis lui
Bien que dans mon cour fidèle
Un rayon joyeux a lui,
Dissipant, lumière sainte,
Les ténèbres de l'amour
Méfiance, doute, crainte,
Et que voici le grand jour!
Longtemps craintive et muette,
Entendez-vous ? la gaîté,
Comme une vive alouette
Dans le ciel clair a chanté.
Va donc, chanson ingénue,
Et que, sans nul regret vain,
Elle soit la bienvenue
Celle qui revient enfin.
(Paul Verlaine)
Va, canzone, ad ali spiegate
di fronte a lei, e dille
che nel mio cuor fedele
è scaturito un raggio di gioia
a dissipare, oh luce benedetta,
le tenebre dall'amore:
Timore, dubbio, incertezza,
via, il gran giorno è giunto!
Da tempo impaurita e muta,
la senti ora? La gaiezza
come un'allodola al mattino
ha cantato nel cielo chiaro.
Vai dunque, ingenua canzonetta,
e senza vani rimpianti
sia benvenuta ancora
colei che alfine ritorna.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Éluard
Paul Éluard
(1895 - 1952)
Un navire dans tes yeux
Se rendait maître du vent
Tes yeux étaient le pays
Que l'un retrouve en un instant
Patients tes yeux nous attandaient
Sous les arbres des foréts
Dans la pluie dans la tourmente
Sur la neige des sommets
Entre les yeux et les jeux des enfants
Patients tes yeux nous attandaient
Ils étaient une vallée
Plus tendre qu'un seul brin d'herbe
Leur soleil donnait du poids
Aux maigres moissons humaines
Nous attendaient pour nous voir
Toujours
Car nous apportions l'amour
La jeunesse de l'amour
Et la raison de l'amour
La sagesse de l'amour
Et l'immortalité.
(Paul Éluard)
Un vascello nei tuoi occhi
s'impadroniva dei venti
e i tuoi occhi erano quei luoghi
che in un istante si ritrovano.
Pazienti, ci attendevano i tuoi occhi
Sotto ogni albero della foresta
nella pioggia, nella tormenta
sulla neve delle vette
negli sguardi e nei giochi dei bimbi
Pazienti, ci attendevano i tuoi occhi
Erano essi una valle
più tenera d'un unico filo d'erba
il loro sole maturava, accresceva
le misere messi umane
Ci attendevano per vederci
Sempre
Perché portavamo in noi l'amore
la giovinezza dell'amore
e la ragione dell'amore
la saggezza dell'amore
e l'immortalità.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Charles Baudelaire
da "Les fleurs du mal"
di Charles Baudelaire
(1821-1867)
"L'invitation au voyage"
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
— Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
(Charles Baudelaire)
Bimba mia, sorellina
pensa la dolcezza che sarebbe
andar laggiù, a vivere insieme!
Amare all'infinito,
amare e magari poi morire
in quel paese che t'assomiglia.
I soli indecisi
di quei cieli rannuvolati
hanno per la mia anima l'incanto
così tanto misterioso
dei tuoi sguardi infidi
che risplende oltre il pianto.
Laggiù tutto è ordine e bellezza,
fasto, calma e voluttà.
Mobili lucenti
levigati dagli anni
decoreranno il nostro nido;
i più rari fiori
fonderanno i lor profumi
alla fragranza vaga d'ambra,
le sontuose volte,
i profondi specchi,
lo splendor d'Oriente,
tutto là si esprimerebbe
all'anima in segreto
nella sua dolce lingua madre.
Laggiù non v'è che ordine e bellezza,
fasto, calma e voluttà.
Vedi su quei canali
riposare quei vascelli
dall'umore pellegrino:
è perché s'avveri
il tuo minimo desiderio
ch'essi fin qui giungono
dai lontani limiti del mondo.
- I soli al tramonto
rivestono i campi,
i canali, l'intero borgo
d'oro e di giacinti in fiore;
il mondo s'assopisce
in una luce calda.
Laggiù non v'è che ordine e bellezza,
fasto, calma e voluttà.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Éluard
"Liberté"
Paul Éluard
(1895 - 1952)
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffées d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
(Paul Éluard)
Sui miei quaderni da scolaro
sopra il banco, e sugli alberi
sulla sabbia e sulla neve
io scrivo il tuo nome
Su ogni pagina che ho letto
su ogni pagina rimasta bianca
sasso sangue carta o cenere
io scrivo il tuo nome
Sulle immagini dorate
sulle armi dei guerrieri
sulla corona dei re
io scrivo il tuo nome
Sulla giungla ed il deserto
sopra i nidi e le ginestre
sopra l'eco dell'infanzia
io scrivo il tuo nome
Sui miracoli della notte
sul pane bianco quotidiano
sulle stagioni fidanzate
io scrivo il tuo nome
Sopra tutti i miei cenci azzurri
sullo stagno il sole stanco
sopra il lago luna viva
io scrivo il tuo nome
Sopra i campi e l'orizzonte
sopra le ali degli uccelli
e sul mulinare delle ombre
io scrivo il tuo nome
Su ogni alito d'aurora
sopra il mare e sulle barche
sulla montagna folle
io scrivo il tuo nome
Sulla spuma delle nubi
sul sudore delle tempeste
sulla pioggia fitta o rada
io scrivo il tuo nome
Sulle forme scintillanti
sulle campane dei colori
sulla dura verità
io scrivo il tuo nome
Sui sentieri risvegliati
sulle strade dispiegate
sulle piazze che dilagano
io scrivo il tuo nome
Sopra il lume che s'accende
sopra il lume che si spegne
sulle mie case raccolte
io scrivo il tuo nome
Sopra il frutto aperto in due
dello specchio e della stanza
sul mio letto guscio vuoto
io scrivo il tuo nome
Sul mio cane tenero e ghiotto
sulle sue orecchie ritte
sulla sua maldestra zampa
io scrivo il tuo nome
Sul trampolino della mia soglia
sugli oggetti famigliari
sopra il benedetto fiotto del fuoco
io scrivo il tuo nome
Su ogni carne che ci è data
sulla fronte dei miei amici
su ogni mano che si tende
io scrivo il tuo nome
Sopra i vetri di stupore
sulle labbra attente
ben al di sopra del silenzio
io scrivo il tuo nome
Sopra i miei rifugi infranti
sopra i mei fari rovinati
sulle mura della mia noia
io scrivo il tuo nome
Sull'assenza senza brama
sulla solitudine più nuda
sui gradini della morte
io scrivo il tuo nome
Sulla salute ritrovata
sul pericolo svanito
sull'immemore speranza
io scrivo il tuo nome
E per il potere d'una parola
io mi riprendo la mia vita
io son nato per conoscerti
per chiamarti
Libertà.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Paul Éluard
"Je te l'ai dit"
Paul Éluard
(1895 - 1952)
Je te l'ai dit pour les nuages
Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l'oeil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toute caresse toute confiance se survivent.
(Paul Éluard)
Io te l'ho detto, amore, per le nubi del cielo,
Io te l'ho detto per l'inalberare del mare
Per ogni singla onda, per gli uccelli tra le foglie
Per i il ciotolare rumoroso dei sassi
Per tutte le mani familiari
Per l'occhio che si fa viso o paesaggio
E il sonno che gli rende il cielo del suo colore
Per l'intera buia notte che ho bevuto
Per l'intrico delle strade
Per l'aperta finestra per la fronte scoperta
Per le tue parole per i tuoi pensieri l'ho detto
Sopravvive ogni carezza ogni abbandono in perpetuo rimane.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Charles Baudelaire
da "Les fleurs du mal"
di Charles Baudelaire
(1821-1867)
"Les Chats"
Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté,
Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres;
L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin;
Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques
Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
(Charles Baudelaire)
Gli innamorati più fervidi e i sapienti più austeri
entrambi amano, nella loro stagione piena,
i gatti, dolci e possenti, orgoglio di ogni casa,
che sono come loro pigri, e come loro freddolosi.
Amici del sapere, e della voluttà, anch'essi
ricercano il silenzio e l'orrore delle tenebre;
l'Erebo in persona li assumerebbe come suoi funebri serventi
se loro piegassero a qualunque servizio la loro fierezza.
Assumono pensosi le ineffabili attitudini
di sfingi immense sdraiate in remote solitudini
che paiono sprofondare in un sogno senza fine.
Hanno le reni feconde di magiche scintille,
e particelle d'oro, come sabbia fine,
costellano vaghe le loro mistiche pupille.
(Versione italiana di Marianna Piani)
"La Musique"
La musique souvent me prend comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir!
(Charles Baudelaire)
"Malinconie della Luna"
La musica a volte mi cattura, come un mare!
verso la mia pallida stella
sotto una volta di bruma o nell'etere immenso,
io levo le mie vele;
il seno teso, i polmoni rigonfi
come fossero tela,
io rimonto i flutti accavallati
che la notte mi cela;
sento in me vibrare ogni passione
d'un vascello che soffre;
il vento a favore, o la tempesta che sconvolge
sopra l'immenso abisso
mi cullano dolcemente. In altri momenti calma piatta,
specchio immenso della mia disperazione.
(Versione italiana di Marianna Piani)
"Tristesses de la Lune"
Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,
Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.
(Charles Baudelaire)
"Malinconie della Luna"
Stasera la Luna sogna, con ancor più abbandono;
Come una bella fanciulla che tra molti cuscini
con mano assorta e leggera carezza prima del sonno
i profili rotondi dei propri morbidi seni.
Sul dorso di seta di molli valanghe, languidamente,
si lascia ella andare in un lungo deliquio,
mentre i suoi occhi vagano tra bianche visioni
che risalgono all'azzurro come rigogli di fiori.
Quando in quest'aura, nel suo pigro languore,
ella si lascia sfuggire in segreto una lacrima,
un poeta commosso, pietoso, nemico del sonno,
raccoglie nel cavo della sua mano quella lacrima chiara,
dai riflessi iridati come una goccia d'opale,
e la ripone nel cuore, al riparo dagli sguardi del sole.
(Versione di Marianna Piani - Dedicato a Paola)
"L'Albatros"
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposé sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le Poëte est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
(Charles Baudelaire)
Spesso, per gioco, i marinai dell'equipaggio
acchiappano degli albatros, grandi uccelli dei mari,
che seguono, indolenti compagni di viaggio,
il vascello che scivola sopra gli abissi oceanici.
Non appena li hanno deposti sul ponte,
Questi Sovrani del cielo, maldestri e impacciati,
Lasciano pietosamente le loro immense ali bianche
Pendere come remi inerti dietro ai fianchi.
Quest'alato viaggiatore, com'è goffo e vulnerabile!
Lui, prima così bello, com'è ora buffo e sgraziato!
L'uno gli stuzzica il becco con una pipa di gesso,
L'altro scimmiotta, zoppicando, lo storpio volante!
Il Poeta è così, come il principe dei nembi,
Che abita le tempeste, e deride gli arceri;
Esiliato a terra, in mezzo a fischi deriso,
Le sue ali da gigante gl'impediscono di camminare.
(Versione di Marianna Piani)
"Ecoutez la chanson bien douce"
Paul Verlaine
(1844-1896)
Ecoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire,
Elle est discrète, elle est légère :
Un frisson d'eau sur de la mousse !
La voix vous fut connue (et chère ?)
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,
Et dans les longs plis de son voile,
Qui palpite aux brises d'automne.
Cache et montre au coeur qui s'étonne
La vérité comme une étoile.
Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue.
Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre,
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire.
Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame.
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste !
Elle est en peine et de passage,
L'âme qui souffre sans colère,
Et comme sa morale est claire !...
Ecoutez la chanson bien sage.
(Paul Verlaine)
Ascoltate questa canzone, così dolce,
che non piange se non per farvi del bene.
È così tenera, e lieve,
un fremito d'acqua appena sopra il muschio.
Vi fu nota questa voce - e cara?
Ma ora porta il velo
come una vedova inconsolata
sebbene ancora altrettanto fiera.
E nei panneggi ariosi del suo velo
palpitante alla brezza d'autunno
cela e rivela al cuore sorpreso
la sua verità, chiara come una stella.
Ella dice, ben nota voce,
che la bontà è la nostra vita,
che dell'odio e dell'invidia
nulla resta, quand'è la fine.
Parla ella ancora della gloria
d'esser semplice e nulla chiedere,
la sontuosa festa, la gioia dolce
d'una pace senza alcuna vittoria.
Accogliete questa voce che insiste
nel suo ingenuo canto nuziale.
Oh! nulla all'anima è più conforto
che rendere meno triste un'anima triste!
Ella è in pena ma di passaggio,
l'anima che soffre,ma senz'ira:
e com'è chiara la sua morale!
Ascoltate questa canzone saggia!
(Versione di Marianna Piani)
Paul Éluard
"Ta chevelure d'oranges"
Paul Éluard
(1895 - 1952)
Ta chevelure d'oranges dans le vide du monde
Dans le vide des vitres lourdes de silence
Et d'ombre où mes mains nues cherchent tous tes reflets.
La forme de ton coeur est chimérique
Et ton amour ressemble à mon désir perdu
O soupirs d'ambre, rêves, regards
Mais tu n'as pas toujours été avec moi. Ma mémoire
Est encore obscurcie de t'avoir vu venir
Et partir. Le temps se sert de mots comme l'amour.
(Paul Éluard)
I tuoi capelli d'arancia nel gran vuoto del mondo
Nel vuoto dei vetri gravati di silenzio e d'ombra
Dove a mani nude cerco ancora ogni tuo riflesso.
La forma del tuo cuore è una chimera
E il tuo amore è specchio l mio desiderio perduto
O sospiri d'ambra, o sogni, e sguardi!
Ma non si stata sempre con me, tu. Il mio ricordo
È ancora appannato dall'averti vista venire
E poi partire. Il tempo consuma parole, come l'amore.
(Versione italiana di Marianna Piani)
Louise Labé
"Baise m'encor"
Louise Labé
(1524 - 1566)
Louise Labé, soprannominata La Belle Cordière, per essere figlia di un cordaio (Lione, ca 1524 – Parcieux, 15 febbraio 1566) Poetessa francese.
Una donna e scrittrice "antica e classica", non molto conosciuta da noi. Ma la sua voce è molto limpida, il suo canto intenso e sensuale, schiettamente femminile.
Amo "scoprire" e farvi eventualmente scoprire voci "minori", o meno note della Poesia, in particolare in ambito femminile. Perchè si possono ritrovare autentici gioielli. Come questo sonetto, che io o cercato di rendere con la sua musicalità, più che con la fedeltà puntuale parola pèer parola al testo.
Ve lo offro, come sempre con amore.
M.P.
Baise m'encor, rebaise-moi et baise;
Donne m'en un de tes plus savoureux,
Donne m'en un de tes plus amoureux:
Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.
Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereux.
Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie:
Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moi ne fais quelque saillie.
(Louise Labé)
Baciami ancora, baciami e ribaciami:
donamene uno dei tuoi più fragranti,
donamene uno dei tuoi più appassionanti,
te ne renderò io quattro più brucianti di bragia.
Ti lamenti, piangi? ma è un male ch'io subito placo
con altri dieci dei miei più dolci mai dati.
Così l'un dell'altra godiamo beati
mescendo tra noi baci e baci in letizia.
Raddoppiata sarà così la vita a entrambi.
Ciascuno in sè vivrà, e nell'amato suo bene.
Lascia, amor mio, ch'io m'abbandoni a follia:
io non so vivere in senno e saggezza,
nè so cogliere per me gioia alcuna
se fuor di me non scateno l'anima mia.»
(Versione italiana di Marianna Piani)
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